Les deux gazettes de Fleury Mesplet

On peut souvent lire ou entendre que le journal The Gazette a été fondé par Fleury Mesplet en 1778. On peut d'ailleurs lire «Since 1778» à côté du titre du seul quotidien anglophone de Montréal. Or, cette affirmation est discutable, puisque que plusieurs auteurs considèrent que Mesplet a en fait fondé deux journaux, un en 1778 et un autre à sa sortie de prison en 1785.

La Gazette du commerce et littéraire

Fleury Mesplet, Français installé d'abord à Philadelphie, est l’imprimeur des lettres que les insurgés américains avaient fait envoyer aux habitants de la «Province of Québec», afin de les persuader de se joindre à la révolution des treize colonies.

En 1778,  Fleury Mesplet fonde la Gazette du commerce et littéraire pour la ville et district de Montréal, premier journal montréalais et le premier journal d'ici publié entièrement en français (la Gazette de Québec étant un journal bilingue). L'avocat Valentin Jautard est recruté comme rédacteur par Mesplet et tous deux écrivent dans le journal sous divers pseudonymes. Adeptes des Lumières, ils en exposent les idées et formulent de nombreuses critiques à l'endroit du gouvernement, tout en montrant de la sympathie pour la cause américaine. Le 4 juin 1779, les presses du journal sont saisies par les autorités britanniques et Mesplet et Jautard sont arrêtés puis emprisonnés. Il s'agit d'un second séjour en prison pour Fleury Mesplet, qui avait été arrêté après le départ de Montréal des révolutionnaires américains en 1776.

La Gazette de Montréal/The Montreal Gazette

Après sa sortie de prison, le 25 août 1785, Fleury Mesplet fonde un périodique bilingue ayant pour titre La
Gazette de Montréal / The Montreal Gazette.  Il le dirigera jusqu'à sa mort en 1794. Le journal passe alors aux mains de l’imprimeur Edward Edwards. C’est en en 1816, alors que le journal appartient à un dénommé James Brown, que la partie française du journal est abandonnée et qu'il est renommé simplement The Gazette.

En 1849, le journal joue un rôle important dans la révolte qui éclate lorsque que la loi d'indemnisation des victimes des rébellions obtient la sanction royale. Les émeutiers mettent le feu au parlement du Canada-Uni, qui était alors à Montréal.

En 1968, le journal est acheté par le groupe Southam, qui est vendu en 1996 par la compagnie Hollinger, de Conrad Black. Les journaux du groupe sont cédés en 2000 au groupe Canwest et finalement, en 2010, le journal est racheté par Postmedia.

Mémoire et patrimoine

Le Prix Fleury-Mesplet, qui sert à souligner le mérite d’une personne, d’un organisme ou d’une compagnie qui, par son action et son dynamisme, a contribué au progrès de l’édition au Québec, est remis par le Salon du livre de Montréal.

On trouve un parc Fleury-Mesplet dans l'arrondissement Ville-Marie, à l'angle des rues Berri et de la Commune, et une rue Mesplet à Ahuntsic-Cartierville. On trouve une place Valentin-Jautard sur le Plateau Mont-Royal, à deux pas du Journal de Montréal.

Principales sources:
Wikipédia
Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française
Jean Hamelin et André Beauclieu, «Aperçu du journalisme québécois d'expression française», 1966.

Commentaires

Articles les plus consultés