Le Canadien, 1806-1909

Le premier numéro du Canadien. Source: BAnQ
Le journal Le Canadien est fondé à Québec le 22 novembre 1806 par Pierre-Stanislas Bédard et François Blanchet. Organe de presse du parti Canadien, il est créé dans le but de répondre au Quebec Mercury, le journal de la bourgeoisie britannique. Sa maxime est: Fiat justitia ruat caelum, ce qui signifie: «Que le ciel s'écroule, mais que justice soit faite». Le Canadien connaîtra plusieurs vies, avant de fermer pour de bon en 1909.

Arrestations et fermeture

En 1810, durant l'un des sommets de la crise entre les Tories et le parti Canadien, le gouverneur James Craig décide de s'attaquer au journal, à défaut de pouvoir empêcher le parti qu'il représente de dominer la chambre d'assemblée. Le 17 mars 1810, il fait arrêter l'imprimeur du Canadien, Charles Lefrançois et saisir ses presses. Puis le 19 mars, les rédacteurs Pierre-Stanislas Bédard, François Blanchet et Jean-Thomas Taschereau  sont arrêtés et emprisonnés. Bédard réclame un procès, afin de pouvoir démontrer que son arrestation va à l'encontre du droit britannique. Mais il demeure en prison jusqu'en avril 1811. Sa libération, contrairement à ce qu'il espérait, se passe dans la discrétion et Bédard se retire ensuite de la vie politique.

Le journal connait deux brefs sursauts dans les années qui suivent. Il est tout d'abord relancé par Laurent Bédard, neveu de Pierre-Stanislas, du 14 juin 1817 au 15 décembre 1819. Il est ensuite publié du 19 janvier 1820 au jusqu'en mars 1825, puis quelques semaines en août. Sans support financier, il disparait du paysage jusqu'au début des années 1830.

Étienne Parent

Le journaliste et politicien modéré Étienne Parent relance Le Canadien en 1831, soutenu financièrement par des patriotes de la ville de Québec. Sa nouvelle devise est Nos instituions, notre langue et nos lois. Outre une grande importance accordée aux débats de la chambre, Parent y publie notamment des écrits de La Mennais et Tocqueville.

Étienne Parent. Source: Wikipédia
Le journal n'est pas rentable, mais Parent parvient à le soutenir tant bien que mal grâce à son salaire de fonctionnaire, en cumulant les fonctions de traducteur, officier de loi et  bibliothécaire à l'Assemblée du Bas-Canada. Toutefois, en 1838, il est emprisonné et rayé de la fonction publique, malgré des appels à la modération qui lui valent le désaveu des Patriotes plus radicaux de Montréal. Il continuera à publier des articles rédigés en prison et glissés dans des tartes apportés par un complice! Parent quittera Le Canadien pour de bon en 1842. Son associé, Jean-Baptiste Fréchette, demeure propriétaire du journal jusqu'en 1846.


Un journal modéré et même conservateur

Le Canadien connaitra dans la seconde moitié du 19e siècle des période libérales modérées, puis conservatrices. Hector-Louis Langevin en est le directeur politique de 1872 à 1875, tandis que Lucien Turcotte en assure la rédaction. Joseph-Israël Tarte en devient le rédacteur en chef en 1874 et en sera le propriétaire de 1875 à 1893. En 1891, il déménage Le Canadien à Montréal et en fait un journal du soir. Fermé en 1893, sa publication reprendra brièvement 1906 pour cesser définitivement en 1909.

Le Canadien en 1909. Source: BAnQ

Principales sources:
André Beaulieu et Jean Hamelin:  La presse québécoise des origines à nos jours.
Maurice Lemire, directeur: La vie littéraire au Québec, tome II, 1806-1839.
Wikipédia: Pierre-Stanislas Bédard et Le Canadien.

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