Le Devoir

Le Devoir, 10 janvier 1910 (BAnQ)
Fondé en 1910 par Henri Bourassa, Le Devoir est un journal de combat à contre-courant de son époque, où la plupart des journaux délaissent l'opinion au profit de l'information, plus propice à la vente de publicité.   L'intention principale de son fondateur est de prôner le nationalisme canadien contre l'impérialisme britannique. Henri Bourassa s'entoure dès le départ de journalistes brillants dont Olivar Asselin, Jules Fournier, Omer Héroux et Georges Pelletier.




Henri Bourassa

Bibliothèque et Archives Canada
Pour comprendre les premières années du Devoir, il faut nécessairement s'arrêter à certains moments de la carrière de son fondateur. En 1899, Bourassa avait démissionné de son poste de député fédéral, car il était en désaccord avec la décision de Wilfrid Laurier de participer aux côtés de la Grande-Bretagne à la Guerre des Boers. Il s'était fait réélire comme indépendant dès l'année suivante, puis était passé en politique provinciale en 1907. Il est d'ailleurs toujours député de Saint-Hyacinthe lorsqu'il fonde Le Devoir. Il quitte temporairement la politique active en 1912, mais reprendra du service comme député fédéral de Labelle en 1925.  Bien que de moins en moins actif au Devoir, il en demeure officiellement le directeur jusqu'au 3 août 1932. On peut donc constater qu'à l'époque d'Henri Bourassa, le concept de journal indépendant n'est pas incompatible avec une carrière politique.

Indépendance et propriété du journal

En fait, c'est plutôt l'indépendance financière du journal qui  préoccupe son fondateur. Il tient à préserver le journal du contrôle d'une entreprise ou d'un parti et à éviter son transfert par vente ou héritage. Un an avant la fondation du journal, on crée une société appelée La publicité qui fait appel à des souscripteurs pour financer le projet. En 1913, faisant face à un déficit, on réorganise le  journal et fonde l'Imprimerie populaire limitée. La compagnie laisse à Bourassa la pleine autonomie sur les orientations du journal.

En 1928, on crée un système de fiducie où sont déposées les actions du directeur, qui sera désormais toujours actionnaire majoritaire. Par contre, il ne peut disposer de ses actions à sa guise. Le directeur est nommé par le conseil d'administration de l'Imprimerie populaire limitée qui lui confie son bloc d'actions.

Bâtiment du journal « Le Devoir », rue Saint-Vincent, Montréal, QC, vers 1910
 © Musée McCord


En 1993, sous la gouverne de Lise Bissonnette  on procède à une transformation de la structure financière du Devoir. Désormais, le journal est publié par  Le Devoir inc., une nouvelle structure qui accueille de nouveaux actionnaires, dont le Fonds de solidarité FTQ, le Mouvement Desjardins, des lecteurs et des employés. L'Imprimerie populaire limitée, est toujours l'actionnaire majoritaire du journal.

Un des résultats de ce système de propriété est que plus que pour tout autre journal, on associe les différentes étapes de l'histoire du Devoir à ses directeurs. On parlera par exemple de l'époque de Georges Pelletier, Gérard Filion. Claude Ryan ou Lise Bissonnette.

Tentative de contrôle de l'Union nationale

Dans les années 1940, avant de faire l'achat du Montréal-Matin, le parti de Maurice Duplessis aurait commencé à «placer ses hommes» sur le conseil d'administration du Devoir. L'objectif est de faire en sorte qu'un unioniste devienne directeur à la mort de Gérard Pelletier. Mais, notamment grâce aux actions de l'avocat Jacques Perreault qui est alors président du conseil, c'est plutôt Gérard Filion qui lui succèdera.


Les directeurs du Devoir:

1910-1932 : Henri Bourassa
1932-1947 : Georges Pelletier
1947-1964 : Gérard Filion
1964-1978 : Claude Ryan
1978-1981 : Michel Roy
1981-1986 : Jean-Louis Roy
1986-1990 : Benoît Lauzière
1990-1998 : Lise Bissonnette
1999-2015 : Bernard Descôteaux
2015 -        : Brian Myles

Principales sources:

Gilles Paré, Le Devoir, une historique
Wikipédia, Henri Bourassa
Dominique Marquis, Le Devoir: un produit unique

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