samedi 28 mars 2020

Le Nouvelliste / La Voix de l'Est / Le Droit

Le Nouvelliste

Le Nouvelliste est fondé en 1920 par Joseph Herman Fortier, qui en sera le propriétaire jusqu’en 1935. Fortier est le vice-président et directeur général des magasins à succursales P.T. Légaré, basés à Québec et possède le journal L’Événement. 

Il achète une feuille déjà existante, Le Trifluvien et le transforme en nouveau journal, Le Nouvelliste, dont le premier numéro paraît le 30 octobre. Il a pour objectif de promouvoir la langue française, les traditions de l'Église et le développement économique et industriel de la région.


Le Nouvelliste en mai 1921
En 1935, alors que les magasins P.T. Légaré font faillite, Fortier vend Le Nouvelliste au sénateur libéral Jacob Nicol, qui est le fondateur de La Tribune et le propriétaire du Soleil et de l’Événement de Québec. Ce dernier verra donc à restreindre l’influence du Nouvelliste à la Mauricie pour ne pas concurrencer ses autres journaux, tous d'allégeance libérale. À cause de ses positions critiques envers Duplessis, le Nouvelliste perd des annonceurs dans la seconde moitié des années 1940. 

C’est probablement ce qui incite Nicol à le vendre à Honoré Dansereau en 1951. Son fils Pierre Dansereau en hérite à son décès en 1958, puis le journal est racheté par les journaux Trans-Canada de Paul Desmarais en 1968. Le Nouvelliste est la propriété du groupe Capitales Médias à compter de 2015.Suite à la faillite du groupe en 2019, une coopérative d’employés est créée et est désormais propriétaire du journal trifluvien. 

Gérald Godin fut journaliste au Nouvelliste de 1958 à 1963. 

La Voix de l’Est

La Voix de l’Est est créé à l'initiative d’un groupe d’hommes d’affaire de Granby d'allégeance libérale. Le premier numéro paraît le 20 juin 1935 et le journal appartient alors à Imprimerie rapide. Il a pour slogan «Le semeur d’idées». 

En 1945, La Voix de l’est devient un quotidien et Radio CHEF vient compléter le service d'information en 1946. 

En 1968, le journal est vendu aux Journaux Trans-Canada, appartenant à Paul Desmarais. En 1977, l’impression de la Voix de l’Est est transférée à Sherbrooke, à l’imprimerie du journal La Tribune. À compter de 1985, un journal hebdomadaire gratuit appelé Le Plus vient s’ajouter au quotidien.

La Voix de l'est en janvier 1981
En mars 2015, Gesca vend La Voix de l’Est à Groupe Capitales Médias, propriété de Martin Cauchon. À compter de décembre 2019, il passe entre les mains d’une coopérative d’employés suite à la faillite du groupe. 

Le Droit

Ce journal constitue une exception pour ce blogue consacré à l’histoire des journaux québécois puisqu’il a été fondé à Ottawa et que ses bureaux y sont toujours*. Mais il couvre aussi l’actualité de l’ouest du Québec et sa destinée, par l’entremise de certains de ses propriétaires est liée à l’histoire de la presse québécoise.  

Le Droit est fondé le 27 mars 1913 par le Syndicat d'Oeuvres Sociales. Les Oblats d’Ottawa en sont les actionnaires majoritaires et journal est dirigé par l’abbé Charles Charlebois. Sa devise est « L’avenir est à ceux qui luttent ». 

La décennie est marqué par de grandes difficultés pour la survie du français en Ontario. En 1910, un immense congrès rassemble,à Ottawa plus de 1 200 délégués représentant toutes les régions de l'Ontario français. C’est à cette occasion de l’on décide qu’il faut un journal pour défendre les droits linguistiques et religieux des Franco-Ontariens. Sa première devise est «L’avenir appartient à ceux qui luttent». Le journal gardera toujours ce rôle de défenseur de la francophonie ontarienne, de la loi 17 interdisant l’usage du français dans les écoles, jusqu’à la lutte pour l'hôpital Montfort et plus récemment l’abolition du Commissariat aux services en français de l’Ontario et le retrait de tout financement du projet d’Université de l’Ontario français à Toronto.

Le Droit en 1913
En 1983, les oblats vendent leurs actions à l'entreprise de presse Unimédia, dirigé par Jacques Francoeur. Le journal fut acheté par le groupe Hollinger dirigé par Conrad Black en mai 1987. Il passe aux mains de Gesca, une filiale de Power Corporation, en novembre 2000. En mars 2015, Gesca vend ses quotidiens régionaux à Groupe Capitales Médias, propriété de Martin Cauchon. À compter de décembre 2019, Le Droit passe entre les mains d’une coopérative d’employés pour poursuivre ses activités après la faillite de Capitales Médias. 

*Il a été annoncé au début de 2020 qu’on projetait de déménager le journal à Gatineau pour pouvoir profiter de l’aide financière du gouvernement du Québec aux anciens journaux du groupe Capitales Médias.

Principales sources:
  • BAnQ numérique
  • André Beaulieu et Jean Hamelin, La presse québécoise des origines à nos jours, Presses de l'Université Laval.
  • Wikipédia
  • Société d'histoire de la Haute-Yamaska
  • viefrancaisecapitale.ca

Avec cet article, j'ai maintenant fait le tour de tous les anciens journaux de Capitales Médias devenus des coopératives. Pour les autres: Le Soleil, La Tribune, Le Quotidien

mercredi 25 mars 2020

Du Progrès du Saguenay au journal Le Quotidien

Le Progrès du Saguenay est lancé le 18 août 1887 à Chicoutimi et ses fondateurs sont Alphonse Guay, Joseph-Dominique Guay et Louis de Gonzague Belley. Son nom est inspiré par l’arrivée au Saguenay du chemin de fer, symbole de progrès. Le journal est alors publié tous les jeudis. 

Joseph-Dominique Guay, futur maire de Chicoutimi, et Louis Gonzague Belley, assurent la rédaction du journal qui soutient les positions du parti conservateur. La colonisation, le prolongement du chemin de fer au Lac-Saint-Jean et la politique municipale de Chicoutimi occupent  une place importante dans le contenu du journal. 

Le Progrès dimanche en 1887

Joseph-Dominique Guay, qui en devient le seul propriétaire en 1888, sera maire de 1895 à 1902 et de 1922 à 1923. Les pages de son journal servent donc largement à défendre décisions et et ses idées sur la politique, l’agriculture, et le développement du Saguenay en général.  Bien que conservateur sur le plan politique le journal  et son rédacteur sont souvent en conflit avec les autorités ecclésiastiques, jusqu’à être menacé d’être dénoncé en chaire.

En 1908, le journal est vendu au Syndicat des imprimeurs du Saguenay inc. L’homme d’affaires Julien-Édouard-Alfred Dubuc en est le principal actionnaire, mais on compte aussi dans ses rangs des membres de l’église locale. Guay est remplacé à la rédaction par Damase Potvin. 

Ainsi, à compter de 1912 et jusqu'au début des années 1960, le ton devient beaucoup plus moral, alors que l'hebdomadaire devient l'organe officieux de l'évêché de Chicoutimi, dirigé par Mgr Eugène Lapointe. À deux reprises le journal aura des rédacteurs issus du clergé, soit L’abbé Calixte Tremblay 1914 à 1923 et l’abbé André Laliberté de 1925 à 1931. Ce dernier en sera ensuite le directeur de 1931 à 1943.

Le Progrès devient bi-hebdomadaire en 1926 puis quotidien pour une première fois en 1927, avant de redevenir hebdomadaire en 1932. En 1953 que Le Progrès devient à nouveau un quotidien, jusqu’en juillet 1961. Puis, après une courte interruption, il redevient un hebdomadaire en septembre de la même année.

C’est le 11 octobre 1964 que le Progrès du Saguenay devient le Le Progrès-Dimanche. On opte alors pour un format tabloïd et pour fidéliser la clientèle, on l’offre gratuitement pendant quelques mois. Les propriétaires sont alors Aimé Laurion et Pierre-Eugène Laberge

En 1971 les frères Gabriel et Guy Gilbert, propriétaires du Soleil, font l’acquisition du Progrès du Saguenay. En 1973, ils suspendent le Soleil du Saguenay-Lac-Saint-Jean qu'ils publiaient depuis 1970 pour le remplacer par un quotidien 100% régional, Le Quotidien.

Le Progrès-Dimanche en 1974
La première une du Quotidien en 1973
En 1974, Les frères Gilbert vendent Le Quotidien et Le Progrès-Dimanche (ainsi que Le Soleil) à UniMédia, dirigé par Jacques Francoeur et Jean-Guy Faucher. Au début des années 1980, Le Quotidien passe de journal du soir à journal de matin et de grand format à tabloïd. Ces changements lui permettent de gagner en popularité et d'assurer sa prospérité car jusque-là, il survivait grâce à la popularité du Progrès-Dimanche, 

En 1987, le groupe UniMédia est vendu à la compagnie Hollinger de l'homme d'affaires Conrad Black. Le 10 novembre 2000, Gesca, propriété de Power Corporation du Canada, achète le journal du groupe de Conrad Black. Et en mars 2015, Gesca vend ses Quotidiens régionaux au groupe Capitale Médias, qui appartient à Martin Cauchon. . 
En avril 2017, le Progrès Dimanche déménage le samedi et devient le Progrès weekend (il remplace par le fait même l’édition du samedi du Quotidien). 

Suite aux déboires financiers du Groupe Capitale Médias, la Coopérative de solidarité du Quotidien au Saguenay-Lac-Saint-Jean a est fondée en décembre 2019 et mène désormais les destinées du Quotidien et du Progrès-Weekend. 

Principales sources:
  • BAnQ numérique
  • André Beaulieu et Jean Hamelin, La presse québécoise des origines à nos jours, Presses de l'Université Laval.
  • Wikipédia
  • Simon Deschênes, La presse régionale québécoise entre 1880-1930: études de cas du Courrier de St-Hyacinthe et du Progrès du Saguenay
  • Gérard Bouchard, Élites, entrepreneurship et conflits de pouvoir au Saguenay (1890-1920)
  • Divers numéros anniversaires du Progrès et du Quotidien 


Un grand merci à Julien Renaud journaliste au Quotidien pour son aide.