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BAnQ via Wikipédia |
Trefflé Berthiaume meurt en 1913. Malgré de nombreuses querelles de succession, La Presse demeurera entre les mains de la famille Berthiaume-Du Tremblay jusqu'en 1967. Le journal est alors acheté par Trans-Canada propriété de Power Corporation. À partir de 1968, tous les journaux de la compagnie de Paul Desmarais sont regroupés dans la nouvelle filiale Gesca.
Premier média de masse francophone
La Presse (avec le Montreal Star du côté anglophone), sera au tournant du 20e siècle l'exemple le plus frappant du passage de la presse d'opinion à la presse d'information, alors que le contenu du journal et sa présentation changent radicalement, On peut facilement le constater en comparant la une du journal en 1884 et en 1912.
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La presse québécoise de 1884 à 1914: genèse d'un média de masse, p. 208 |
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La presse québécoise de 1884 à 1914: genèse d'un média de masse, p. 208 |
La nouvelle occupe désormais une place de choix au détriment du commentaire politique et l'illustration et les grands titres changent l'apparence du journal. Le contenu est diversifié, de nouvelles pages sont créées afin de rejoindre tous les membres de la famille. On obtient ainsi un lectorat plus nombreux et varié, ce qui permet de remplacer le financement traditionnel, qui provenait principalement de partis politiques et d’abonnements coûteux, par les revenus publicitaires. Cela permet de baisser le coût de la copie, ce qui favorise aussi une hausse du lectorat. On qualifie La Presse et Le Montreal Star de premiers médias de masse du Québec. La Presse connut notamment un grand succès dans les milieux ouvriers grâce aux chroniques de Jules Helbronner, qu'il signait Jean-Baptiste Gagnepetit et où il prenait la défense des travailleurs et des locataires.
Conflits de travail
Plusieurs conflits de travail vont marquer l'histoire de La Presse. Suite à la grève de 1958, on introduit la signature des articles, ce qui ouvre une nouvelle ère de vedettariat dans le monde des journalistes. La grève de 1964, qui se transforme en lock-out de sept mois, sera marquée par l'apparition d'un concurrent redoutable, Le Journal de Montréal. Un autre lock-out, entre 1971 et 1972, fera perdre des lecteurs au profit du Journal de Montréal et du Montréal-Matin. Les difficultés financières apportées par une nouvelle grève en d'octobre 1977 à avril 1978 entraînera la fermeture du Montréal-Matin et de La Patrie, des journaux que La Presse avait acquis dans le but de mieux concurrencer le Journal de Montréal.
Virage technologique
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Le premier édifice de La Presse rue St-Jacques, occupé à partir de 1900. Par Jeangagnon via Wikimedia Commons |
Ce qui amène une question sémantico-existentielle pour l’auteure de ce blogue sur l’histoire des journaux. Le média La Presse existe toujours, mais parle-t-on encore de journal? D'ailleurs, quand il n'y aura plus de version papier, est qu'on continuera à préciser «La Presse +» ou si on revendra simplement au nom La Presse? À suivre...
Mise à jour: Même si ce billet de blogue porte sur La Presse version papier, nous tenons à souligner la transformation majeure du mode de propriété annoncée en mai 2018.
Principales sources:
- André Beaulieu et Jean Hamelin: La presse québécoise des origines à nos jours.
- Jean de Bonville: La presse québécoise de 1884 à 1914: genèse d'un média de masse
- Dictionnaire biographique du Canada
- BAnQ (ressources numériques, périodiques)
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